L’importance du microbiote
Crédit photo : Barbara Dziadosz
Depuis plusieurs années maintenant, émerge la notion de microbiote. Beaucoup d’études démontrent son interêt et l’importance d’en prendre soin.
Qu’appelle-t-on microbiote ?
C’est un ensemble de micro-organismes (bactéries, virus, parasites, champignons) présents dans le corps humain et formant un éco-système. Il en existe plusieurs dans nos corps : la peau, la bouche, le vagin, les poumons, l’intestin, le colon…
Quel est l’importance du microbiote :
Il nous protège : Chaque espèce présente dans le microbiote joue un rôle dans notre équilibre et notre fonctionnement. Nous avons une relation symbiotique avec ces micro-organismes indispensables à notre fonctionnement et à notre vie.
En effet, nous présenterions environ le même nombre de cellules que de bactéries dans notre corps (étude de 2016).
Au niveau digestif, il joue en partie un rôle protecteur, une première barrière de défense face aux agents pathogènes.
Notion d’équilibre : On parle de dysbiose lorsqu’il y a altération de la symbiose entre tous ces micro-organismes, comme avec la prédominance d’une espèce devenant alors néfaste pour le corps. L’alimentation, la prise d’antibiotiques, le stress, la contamination par des polluants… peuvent appauvrir le microbiote et, à la longue, le déséquilibrer. C’est à ce moment là que certaines symptômes voire maladies sont mis en évidence. Aujourd’hui, il est encore étudié, le rôle primaire ou secondaire dans des pathologies de notre microbiote, mais ce qui est sûr c’est l’altération et la dysbiose qui y joue un rôle.
Il a un rôle digestif, métabolique, immunitaire et neurologique
Le microbiote a plusieurs rôles qui diffèrent en fonction de l’endroit. Au niveau intestinal, il est un élément essentiel de notre santé, influençant notre digestion, notre système immunitaire, notre humeur et bien plus encore.
Au niveau intestinal, par sécrétion de certaines enzymes, il contribue à la digestion, il aide à l’assimilation de certaines nutriments et la synthèse de vitamines par exemple. Il a majoritairement aussi, un grand rôle immunitaire de première barrière face aux éléments pathogènes afin de protéger le corps d’une infection.
Les dernières recherches démontrent aussi son implication croissante dans la santé mentale et neurologique, ouvrant un nouveau champ d'exploration fascinant : le lien intestin-cerveau. Le microbiote influence notre cerveau via :
les nerfs : notre système nerveux entérique viscéral communique avec notre cerveau par le biais du nerf vague,
les hormones et cytokines : le microbiote fabrique des substances chimiques capables d’envoyer des informations à notre cerveau comme le GLP-1 en lien avec notre gestion du glucose.
ou encore des métabolites
Il a été ainsi mis en évidence une interaction bidirectionnelle Intestin-cerveau avec une communication entre ces deux organes. Des études ont démontré l’impact du microbiote sur la mémoire, les émotions, la comportement alimentaire, les humeurs … soutenant ainsi le lien et la communication entre intestin et cerveau, mais aussi l’inter-relation entre microbiote et pathologies neuro-dégénératives (type bipolarité, anxiété, dépression, schizophrénie, Alzheimer, Parkinson, Autisme (TSA) et sclérose en plaque (SEP)). En effet, l’altération du microbiote serait un des facteurs dans ce genre de pathologies.
Un microbiote = un individu, il existerait autant d’individus, que de microbiotes avec certaines similarités en lien avec la culture et l’environnement. Il est unique tant qualitativement que quantitativement à chacun. Parmi les 160 espèces de bactéries que comporte en moyenne le microbiote d’un individu sain, seule la moitié est communément retrouvée d’un individu à l’autre. Il existerait cependant un socle commun de 15 à 20 espèces présentes chez tous les êtres humains, en charge des fonctions essentielles du microbiote (source INSERM). Ces dernières avancées ouvrent ainsi sur de nouveaux potentiels traitements par don et transplantation fécale pour certains cas.
Son importance dès la naissance : les chercheurs se sont rendus compte de l’impact du microbiote maternel, bien avant la naissance du bébé : C’est à dire que la santé du microbiote de la maman influe sur la qualité de celui de bébé.
Puis, à l’arrivée de bébé, la flore du nourrisson va se constituée progressivement, tout d’abord lors de la naissance par voie basse en contact avec la flore vaginale et fécale de la mère ou par césarienne grâce à l’environnement en contact avec bébé.
Durant les premières mois de vie, le microbiote va évoluer qualitativement et quantitativement sous l’influence de l’allaitement, la diversification alimentaire, la génétique, les traitements médicaux reçus, le niveau d’hygiène et l’environnement du bébé.
Quelques petits gestes simples restent importants pour la santé du microbiote, par exemple, lors d’une prise d’antibiotique, prendre systématiquement des probiotiques soit sous forme de compléments pour le bébé soit par l’alimentation ou complément chez l’enfant et l’adulte. Par ailleurs, plus le bébé sera en contact avec des environnements différents plus il pourra se constituer une flore riche et qualitative. C’est pourquoi il est important de laisser son bébé découvrir avec ses mains et sa bouche, sans chercher la désinfection à chaque instant.
L’ostéopathie viscérale et ma spécialisation en physio-nutrition, des alliés pour un microbiote en bonne santé
L'ostéopathie viscérale s'intéresse aux organes et viscères de l'abdomen. Or, un lien étroit existe entre l'état de nos organes digestifs et le microbiote intestinal. En effet, un bon fonctionnement digestif et un flux sanguin optimal au niveau des viscères sont essentiels pour un microbiote intestinal sain et équilibré.
L'ostéopathie viscérale, par des techniques douces et ciblées, vise à améliorer la mobilité des organes digestifs, à lever les tensions viscérales et à favoriser une meilleure circulation sanguine.
Ainsi, elle peut contribuer à :
Améliorer l'absorption des nutriments par l'intestin, nourrissant ainsi le microbiote.
Renforcer la barrière intestinale, limitant la prolifération de bactéries nuisibles.
Stimuler la production de mucus, qui protège la paroi intestinale et favorise la croissance des bactéries bénéfiques.
Réduire l'inflammation chronique, un facteur perturbant l'équilibre du microbiote.
En agissant sur ces différents aspects, l'ostéopathie viscérale peut s'avérer un outil précieux pour maintenir un microbiote intestinal en bonne santé, contribuant ainsi à une meilleure digestion, un système immunitaire plus performant et un bien-être général accru.
Il est important de noter que l'ostéopathie viscérale doit être pratiquée par un.e ostéopathe qualifié.e et expérimenté.e.
La physio-nutrition, discipline que je pratique en complément et qui étudie l'impact des micronutriments sur la santé (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides gras essentiels) associé à la phytothérapie, s'avère être un outil précieux pour nourrir et soutenir un microbiote intestinal en bonne santé.
Par l’étude de votre santé digestive, il sera évalué vos besoins et quels seront les apports nécessaires en nutriments essentiels et micronutriments afin de vous aider à retrouver un microbiote optimal et en santé.
En conclusion :
Le microbiote intestinal joue un rôle crucial dans notre santé globale, bien au-delà de la simple digestion. Il influence le système immunitaire, l'absorption des nutriments, l'humeur et même le développement du cerveau.
Dans le domaine de l'ostéopathie et la physio-nutrition, l'étude du microbiote prend de plus en plus d'importance. En effet, un microbiote déséquilibré peut être impliqué dans divers troubles, tels que les douleurs digestives, les allergies, les maladies inflammatoires chroniques et les troubles de l'humeur.
Par des manipulations douces, l'ostéopathe peut favoriser un environnement intestinal propice à l'équilibre du microbiote. Cela peut se traduire par une amélioration de la digestion, une diminution de l'inflammation et un renforcement du système immunitaire, contribuant ainsi au bien-être global du patient.
L'ostéopathie et la recherche sur le microbiote intestinal continuent d'évoluer de manière conjointe, ouvrant la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour une santé optimisée.
En effet, le domaine du microbiote intestinal étant en pleine effervescence, et les découvertes réalisées ces dernières années ne cessent de bouleverser notre compréhension de l'impact de ces micro-organismes sur notre santé. De nombreuses zones d'ombre persistent, et les scientifiques explorent sans cesse de nouvelles pistes pour mieux comprendre les interactions complexes entre le microbiote, l'alimentation, l'environnement et la santé humaine.
Etudes :
Bogaert D, van Beveren GJ, de Koffet EM, et al. Mother-infant microbiota transmission and infant microbiota development across multiple body sites. Cell Host & Microbe. 2023;31(3): 447-60.e6
Quirui Li, Ying Han, Angel Belle C. Dy, Randi J. Hagerman The Gut microbiota and autism spectrum disorders. Front. Cell. Neurosci. 28 April 2017 https://doi.org/10.3389/fncel.2017.00120
Pia S. Pannaraj, Fan Li, Chiara Cerini et al. Association Between Breast Milk Bacterial Communities and Establishment and Development of the Infant Gut Microbiome. JAMA Pediatr. Published online May 8, 2017
Zamora-Kapoor A., Sinclair K. Infant-feeding practices and American Indian infants’ gut microbiome : Rationale of the pilot study. Breastfeeding Review. Mars 2016, 24 (1): 29-34